Il y a quatre ans, le 5 décembre au soir, Nelson Mandela n’était
pas encore annoncé décédé lorsque j’ai demandé à mon épouse : « dis
tu ne vas pas accoucher cette nuit hein ? ».
Il faisait un froid de dingue, un vent de fou. Le mistral
noir, le mistral des fous. Glacial.
Mon épouse, rassurant, m’a répondu : « mais non,
je suis à une semaine du terme, je vais tenir maintenant… ». J’étais
stressé comme jamais sur cette fin de deuxième grossesse, et je crois avoir
pris un cachet pour dormir, pour essayer de me calmer, de supporter le vent, et
tout…
Et vers 3 heures du matin, elle me réveilla discrètement
pour me dire : « ll faudrait aller à la maternité d’Orange… et vite ».
Ma réponse fusa : « tu m’as menti… ».
Oui elle m’avait menti. Et peu après 7h15, mon grand bébé
était grand frère, et moi un papa deuxième fois. C’était il y a 4 ans.
Ce matin, mon épouse m’a réveillé vers 5 heures du matin
pour me l’annoncer : « mauvaise nouvelle… ». Le pire c’est que j’avais
compris : Johnny était mort.
Je ne vais pas rendre hommage à cet homme que j’aimais
vraiment. Des hommages il n’y en aura pleins.
Des saloperies aussi, je n’irai
pas sur les réseaux sociaux aujourd’hui. J’imagine que je lirai des billets de
cons moralisateurs (j’en ai bien un ou deux en têtes) qui ironiseront intelligemment
sur la mort de cet homme qui fera de la peine à beaucoup de gens. Mettant en
parallèle, parce qu’ils sont intelligents, tellement plus que moi et que nous,
que des gens meurent de froid ou de vieillesse ou d’autre chose sans hommage
des médias.
J’en ai quelques-uns sur mon Feedly, je tomberai sur eux
bien assez tôt.
Non, je voulais simplement raconter une histoire personne il
y a 4 ans. Une nuit du 5 au 6 décembre. Je me rappellerai aussi de celle-là de
nuit.
Pour revenir à Johnny, je pense à mes parents ce matin.
Ils ne sont sans doute pas encore au courant et dorment encore. Je suis né avec
Johnny. Mon père va être abattu et triste. Mon grand bébé aussi. Il a « sa »
chanson de Johnny en plus. Mes bébés me chantent des « allumer le feu »
ou des « Gabrielle » comme de fous. Il sera triste, le grand, de
savoir que le papa de Gabrielle est mort.
Il fait de la peine beaucoup Johnny ce matin. A moi
aussi. Et comme un symbole, mon Winamp me joue sans chanson « un nouveau
jour », issue d’un de ces derniers albums.
J’écouterai sans doute « je te promets », qui est
la chanson qui me rappelle le plus de (tendres) souvenirs.
Je suis triste. On fête les 4 ans du deuxième bébé ce soir.
Mais ça sera pas rigolo.
Et ce soir, on l'embrassera, à Johnny.