J’ai écrit beaucoup de billets sur les maux du football
français. Qui ressemblent aux douleurs de notre société. J’ai écrit ces billets
en étant convaincu de ce que j’écrivais. Sans aucune modestie. Je connais des
gens qui gravitent autour du sport professionnel en France (rugby, hand, et
aussi football). Et certains qui sont dans et autour des centres de formation
de clubs professionnels (et dont je suis proche).
En les écoutant, je ne regarde pas les histoires Knysna,
Anelka, M’Vila, Nasri & co d’un œil distrait. Je comprends.
Si je voulais expliquer les dernières histoires Benzema ou
Aurier à des amis (ou à des gens qui veulent écouter, sans juger ni condamner,
simplement écouter et se faire un avis), je leur conseillerai simplement la
lecture de ces deux livres.
Le footballeur
masqué. On ne sait pas qui l’a écrit, ni même s’il était vraiment un
footballeur professionnel de Ligue 1. Mais tous les gens qui gravitent autour du
football qui en parlent disent que c’est vrai.
Et quand ce footballeur masqué parle d’un monde du football
français gangréné (ou influencé) par le monde du rap, de l’argent facile et des
codes issues de la cité, ces gens qui connaissent ce milieu disent qu’il dit
vrai. Quand il parle de footballeurs plus influencé par Booba et le Tony Montana
de Al Pacino que par Brel et James Bond, il dit vrai. Et c’est triste.
Racaille Football
Club, de Daniel Riolo.
Il présente le football français tel qu’il est aujourd’hui. Avec des
témoignages, des explications, une réelle pédagogie.
« Racaille », pour bien des footballeurs issus du
football français, ce n’est pas une insulte : c’est une signature qu’ils
assument et dont ils se réclament. Avec ses codes, sa manière d’être, de
penser. Quand il explique que Gabriel Heinze a quitté l’OM car il n’était plus
en phase avec un vestiaire de rap et de wesh-wesh, il ne juge pas. Il décrit,
il explique. Et il dit pourquoi le grand PSG d’aujourd’hui s’est construit
autour de Léonardo, de Thiago Silva, de Motta, de Verrati, et d’un football
italien et brésilien plutôt que français.
Et il explique surtout que le responsable n’est pas le
footballeur français. Ce n’est pas Aurier, Nasri ou M’Vila. Mais c’est la
direction de ce football, qui a toléré l’intolérable. Qui a fermé les yeux. C'est la formation française, qui a omis la formation de l'être humain, de l'homme. Parce qu'elle a considéré que le talent du footballeur excuserait forcément les manquements de l'humain. Qu'un but efface forcément une quenelle.
Le maux le plus visible est la présidence de Noel Le Graet,
qui a fermé les yeux quand Patrice Evra a insulté tout le monde à plusieurs
reprises, et qui s’est délibérément mis au soutien de Benzema contre Valbuena.
L’histoire Valbuena – Benzema est d’ailleurs typique du mal
qui touche notre football français.
Alors que tout le football enterrait Benzema sous des fleurs
et des soutiens touchés et amicaux, Valbuena était enterré sous une chape d’indifférence.
Et la victime était tel le Glassmann de l’époque, le traitre, la taupe, celui
qu’il faut crucifié car il a brisé « la loi du silence ». Cette loi
du milieu qui fait que le football français est justement un « milieu »,
avec des codes bien codifiés. La balance sera toujours pire que le délinquant.
Et Anelka ou Ribery davantage glorifiés qu’un Gourcuff qui a vu sa carrière
brisée après Knysna.
Après nous sommes libres. Libres de croire ou pas à ces
témoignages, et cette explication de ce qu’est le football français. Le sport
français même, puisque qu’une « icone » comme Yannick Noah s’est
déclaré en soutien total d’un Aurier par exemple.
Et nous sommes libres aussi de ne pas être solidaire de ce sport-là. De cette France là. Il va de soi que si Didier Deschamps devait rappeler Karim Benzema en Equipe de
France, je considérerai que cette équipe n’est pas celle qui représente ma France,
mes valeurs, ma République, celle qui est Charlie plutôt que Booba, Dieudonné
ou Anelka.
Nous sommes libres. Mais c’est bien de savoir de quoi on
parle, et d’avoir quelques références pour mieux comprendre ce que l’on vit. Et
comprendre les histoires Aurier et Benzema aujourd’hui, Knysna Anelka M’Vila ou
Nasri hier.
Et se dire que finalement, ceux ne sont pas ces joueurs les
plus à blâmer, mais plutôt un système qui a permis à leurs valeurs et leurs
codes de prendre le pouvoir…