lundi 16 janvier 2012

Un début de semaine avec un A de moins...

Il y a à peine 6 mois, je n’avais aucune notion de ce qu’était une « Agence de notation ». Je ne savais ce qu’était le AAA. Je pensais que cela avait à voir avec le label pour les andouillettes. Mais non, c’était pour noter les états et les banques.

Ce weekend aura donc été le moment où la France a perdu un A. Quand on ne sait pas où on met ses affaires…
Enfin, perdu… Sur 3 agences, une a indiqué que la France le conserverait, et une autre a prononcé la dégradation. On va attendre la dernière. Ou pas. Parce qu’il ne faut pas céder au diktat des agences de notation disent certains…

Parce que la polémique politique, évidente et incontournable, n’a pas manqué ce weekend. Et cela tournait essentiellement, du coté de l’opposition, autour de deux points.
  • Une agence a enlevé le triple A à la France, c’est parce que le gouvernement UMP (ne pas oublier UMP) a mal travaillé. C’est leur faute. Après la sanction des agences de notation, il faut sanctionner via les urnes.
  • Le gouvernement demande aux oppositions de présenter leurs projets pour voir la réaction des agences de notation ? C’est une honte de se laisser dicter notre politique par les agences de notation ! Il faut résister (ah… « résister », soupir…) et ne pas écouter ces agences. Et voir que le gouvernement cède aux agences de notation, c’est scandaleux. Indignons-nous (amen).
Il faudrait savoir… S’il ne faut pas écouter ni céder aux agences de notation, pourquoi les Le Pen, Hollande, Mélenchon, etc, sur-réagissent à la baisse d’une note donnée par ces mêmes agences de notations ? Peut-on d’un coté hurler contre le diktat des agences de notation, et de l’autre contre un gouvernement qui a mal été noté par ces mêmes agences ?
Ben oui. C’est de la politique. Il y a une élection demain, et des places à récupérer.

A la différence d’un Eric Besson qui twitte toute l’indignation que lui provoque « la jouissance de ceux qui fêtent la perte du triple A pour faire leurs affaires électorales », j’avoue rester assez froid devant tout ça. Lire pléthore de blogs de gauche qui tapent des mains et des pieds devant ce qui est une mauvaise nouvelle pour la France, mais surtout pour le probable candidat Sarkozy, ça ne me choque pas plus que ça.
Nous sommes en campagne. Ils veulent gagner une élection. Tous les arguments sont bons, et celui là est excellent. Chez nos voisins européens, la droite espagnole, anglaise, portugaise ou grecque n’a eu aucun état d’âme à surfer sur les difficultés de leurs pays pour pointer du doigt la gestion des sortants socialistes. Et nos militants et dirigeants socialistes seraient idiots de ne pas profiter de ce séisme économique, qui est pour eux, à court terme (celui d’une élection), une excellente nouvelle. En plus d'être clairement une baffe pour Nicolas Sarkozy.

De la même manière qu’il ne sera pas choquant que le pouvoir en place « instrumentalise » à son avantage une bonne nouvelle, si bonne nouvelle il peut y avoir d’ici Mai. Oh, on aura évidemment le camp d’en face qui hurlera contre l’indécence, patati patata… Mais là encore, c’est de la politique.

De la politique aussi ce qu’on peut lire ici ou là : « si la gauche avait été au pouvoir ces 10 dernières années, on en serait pas là ». Ben on ne sait pas. Personne ne sait. Si la droite avait été au pouvoir au Portugal, en Grèce, en Espagne, seraient ils dans une meilleure situation qu’aujourd’hui ? On n’en sait rien non plus… Et si Sarkozy n’avait pas eu la crise en 2008 ? Et si Jospin n’avait pas eu Chevènement et avait connu une crise durant sa législature ? Et si Mitterrand avait gagné en 65 ? Personne ne sait rien…
L’humilité, c’est bien aussi, y compris en campagne électorale...

Je ne connaissais pas y a 6 mois ces agences de notation sur qui il est de mode de taper dessus. Mais bon, si la notation baisse, c’est qu’il y a des raisons… Et plutôt que de cacher le thermomètre, on peut penser qu’il n’est pas « indigne » d’essayer d’avoir une gestion pas trop idiote…
J’ai toujours été sensible à la question de la dette. Des dettes (y compris celles des collectivités locales…). C’était aussi, pour ça, que le discours d’un Bayrou (entre autre) entre 2002 et 2007 m’avait séduit.
On peut taper sur les agences de notation (sauf quand elles tapent sur ceux dont on veut prendre la place à l’élection) et dire qu’on ne se soumettra pas à leur diktat. On aura montré ces gros bras cinq minutes, mais ça ne résoudra aucun problème quand il faudra payer les fonctionnaires ou les prestations sociales à la fin du mois, ou quand il faudra financer un projet un peu ambitieux…
Le fait est qu’il est inacceptable d’avoir laisser courir les déficits jusqu’à ce point. Agence de notation ou pas...

Qui que ce soit qui soit élu en Mai, la situation sera difficile pour celui qui sera en place. Et au final, c'est nous le peuple qui en prendra pour sa poire…
Je reste inquiet. Je me dis que le plus dur reste à venir, et ça ne m’amuse pas…

3 commentaires:

  1. "Le fait est qu’il est inacceptable d’avoir laisser courir les déficits jusqu’à ce point" et depuis 35 ans au moins. tout est dit!

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  2. bonjour - je partage cette inquiétude et la conclusion concernant le peuple !... 2012 l'année de la "loose" ? mais pour qui en fait ? - bonne année tout de même.

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  3. Corto, ben oui.

    IPourpres, ça risque d'être la grosse loose pour ceux sur qui reposent tout, et pour quoi c'est pas marrant tous les jours...
    Enfin ça sera pas marrant le deuxième semestre 2012.

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